Gestion des retours, remboursements et chargebacks : relever les défis financiers post-pics d’activité

La période des fêtes de fin d’année et des soldes d’hiver est une époque charnière pour les e-commerçants, retailers et prestataires de services de paiement (PSP). Mais après la frénésie des ventes, une autre réalité émerge : l’explosion des retours et des litiges. Ces situations, bien que prévisibles, peuvent s’avérer coûteuses et exiger une gestion financière rigoureuse. 

En France en 2021, 39 % des acheteurs en ligne retournent des articles (Mondial Relay), avec des pics enregistrés en janvier. Ce phénomène s’avère de plus en plus vrai au fil des années, puisqu’en 2023 c’est 44% des acheteurs en ligne (Statista cf. graphique)  qui retournent au moins un produit.  À cela s’ajoutent les remboursements et les chargebacks, qui constituent des défis majeurs en termes de rapprochement des transactions et de réconciliation financière pour les e-commerçants. Comment anticiper et gérer ces complexités ? Cet article propose un tour d’horizon des problématiques et des solutions associées. 

Table des matières

La face cachée des pics d'activité : les retours et litiges

Les coûts cachés des retours

Les retours massifs engendrent des frais logistiques (transport et gestion des stocks), des pertes de temps pour les équipes et un accroissement des chargebacks. En évaluant le cycle complet d’un retour, on analyse un coût additionnel pour le e-commerçant quasiment à chaque étape.  

Pour mieux se rendre compte de tous les coûts supplémentaires qu’un retour peut engendrer, voici une mise en situation :  

Un retailer qui vend des vêtements en ligne a constaté que 60 % des retours effectués en janvier concernent des tailles incorrectes ou des erreurs de couleur. Chaque retour nécessite un traitement administratif et logistique, augmentant les délais de remboursement et impactant la satisfaction client. En plus des coûts logistiques supplémentaires à amortir et des autres coûts opérationnels, cela complexifie les opérations de réconciliation des paiements. Une transaction enregistrée en entrée au mois de décembre sera en fait en sortie au mois de janvier et donnera peut-être encore lieux à une autre transaction si le client échange son article ou se fait rembourser. On peut alors s’imaginer les différentes opérations de réconciliation engendrées, et les écarts potentiels à traiter, mais aussi le manque de lisibilité et la possibilité d’erreur. 

Ce phénomène de retours massif est une tendance globale qui s’observe dans plusieurs pays :  

Causes des retours et remboursements massifs

Les principales raisons incluent des erreurs de commande (produits défectueux, tailles incorrectes), des achats impulsifs post-Noël, et des promotions mal interprétées lors des soldes. Ces facteurs amplifient les besoins en rapprochement des paiements. 

Pendant les soldes par exemple, les promotions à durée limitée augmentent la pression pour acheter rapidement, ce qui génère parfois des retours massifs dû à une insatisfaction post-achat. Pendant la période de Noël, ce sont les cadeaux que l’on n’a pas forcément choisis soi-même qui génèrent des retours ; mauvaise taille ou couleur, produit qui ne convient pas …etc. De manière ironique le transporteur logistique UPS a décrété que le 2 janvier était la journée nationale des retours, avec en 2022, 1,75 millions de colis retournés chaque jour par le transporteur. 

Chargebacks : une double peine pour les e-commerçants

Comprendre les types de chargebacks

Les chargebacks, ou rétro-facturations, se divisent en plusieurs catégories : 

  • Fraude : Cela survient lorsqu’un client signale un paiement non autorisé, souvent après une réelle fraude à la carte bancaire. Par exemple, un individu malveillant utilise une carte bancaire volée pour effectuer des achats. Une fois que le titulaire légitime de la carte découvre l’opération, il conteste le paiement, entraînant un chargeback. 
  • Contestations légitimes : Elles concernent des cas où le client a une raison valable de demander un remboursement. Cela peut inclure des produits non livrés, des articles ne correspondant pas à la description (par exemple, une couleur ou une taille incorrecte) ou encore des services qui n’ont pas été rendus. Dans ces cas, le chargeback reflète un échec dans la chaîne logistique ou commerciale. 
  • Erreurs techniques : Ces chargebacks résultent de problèmes techniques dans le traitement des paiements, comme des doublons de facturation, des montants incorrects débités, ou des paiements qui échouent mais apparaissent quand même sur le relevé bancaire du client. Ces erreurs peuvent entraîner de la frustration et nuire à l’image de l’entreprise. 
  • Fraude côté consommateur : Aussi connue sous le nom de “friendly fraud” (fraude amicale), elle se produit lorsque des clients abusent du système de chargebacks. Par exemple, ils peuvent demander un remboursement tout en conservant l’article ou affirmer qu’une commande n’a pas été reçue alors qu’elle l’a été. Cette pratique est en hausse significative ces 3 dernières années, puisqu’elle a augmenté de 18% en moyenne et peut représenter jusqu’à 70% des causes de retours (USA). En effet, la “firendly fraud” coûte chaque année des millions d’euros aux e-commerçants et retailers, car il est souvent difficile ou coûteux de prouver la mauvaise foi du client. 

Conséquences des chargebacks

Les chargebacks entraînent : 

  • Des coûts financiers directs : Les frais imposés par les PSP et la perte des produits retournés ou remboursés constituent des charges immédiates. Chez Paypal , chaque chargeback est facturé 14£ et chez Stripe chaque litige est entraîne 20 £ de frais supplémentaires
  • Une surcharge pour les équipes administratives et financières : réécriture d’ajustement, traitement & analyse des écarts … La gestion des litiges mobilise des ressources qui pourraient être utilisées pour des activités à plus forte valeur ajoutée. 
  • Un manque de lisibilité qui peut être source d’erreur : Transaction apparaissant en écart, ayant des lignes sur des mois différents (selon la période de retour) ou en statut *pending*  
  • Une atteinte à la trésorerie : avec des fonds immobilisés en attendant la résolution. 

Tous les coûts engendrés pour relivrer ou dédommager / rembourser les clients ainsi que les coûts indirects opérationnels entrainés par le travail supplémentaire du pôle Finance et comptabilité ont un impact considérable sur l’activité de l’entreprise.

Faut-il repenser le retour gratuit ?

Certaines entreprises envisagent de supprimer la gratuité des retours afin de réduire les coûts. Facturer un montant symbolique pour chaque retour pourrait décourager les abus et réduire les volumes à traiter. Cependant, cette approche pourrait également nuire à l’image de marque et à la fidélité des clients, en particulier dans un secteur aussi concurrentiel que l’e-commerce. 

D’autres alternatives sont également possibles pour amortir les coûts de retro-facturation : 

  • Optimisation logistique : Regrouper les retours par zone géographique pour minimiser les frais de transport. 
  • Politique de retour conditionnelle : Proposer des retours gratuits uniquement pour les produits respectant certains critères (état impeccable, respect des délais, etc.). 
  • Partenariats avec des prestataires spécialisés : Collaborer avec des sociétés de gestion des retours pour externaliser et rationaliser ce processus. 
  • Technologies prédictives : Utiliser des outils d’analyse pour identifier les articles les plus susceptibles d’être retournés et les périodes les plus tendues et ajuster les descriptions ou les processus de qualité en conséquence. 

Ces solutions, combinées à une meilleure gestion des chargebacks grâce à la réconciliation financière automatisée, peuvent aider les e-commerçants et retailers à absorber les coûts tout en maintenant une expérience client positive.

Prévenir et gérer efficacement les retours dans les flux financiers

Automatiser le traitement des retours et remboursements

L’automatisation de la réconciliation financière des e-commerçants peut réduire considérablement les coûts et les contraintes liés au traitement des chargebacks. D’abord en apportant un gain de temps considérable par rapport au travail manuel des équipes. Puis, en apportant un suivi plus précis de tous les flux entrants et   sortants. De cette manière on peut également détecter les anomalies avant qu’elles ne deviennent des litiges.

Détecter rapidement les fraudes

Un suivi régulier et en temps réel permet d’éviter ou d’anticiper des pertes importantes. Un outil capable d’isoler toutes les transactions en écart peut permettre un suivi à la loupe des anomalies, une détection plus rapide des transactions suspectes et une concentration de l’effort des équipes financières sur l’analyse et la résolution plutôt que sur la réconciliation.

Privilégier le traitement en temps réel

Le rapprochement des transactions en temps réel est essentiel pour maintenir une activité fluide. Cela inclut la mise à jour automatique des paiements et l’établissement de rapports financiers clairs pour anticiper les problèmes. 

Les entreprises proposant des solutions de réconciliation automatique constatent une diminution de 25 % des litiges liés aux chargebacks.

Conclusion

Pour les e-commerçants et retailers, la gestion des retours et des chargebacks est une priorité post-pics d’activité. Une réconciliation financière efficace repose sur l’automatisation, la détection proactive des anomalies et l’analyse en temps réel. Ces approches permettent non seulement de réduire les coûts mais aussi de renforcer la satisfaction client, garantissant ainsi une meilleure pérennité financière.

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